Yaelle Sibony-Malpertu _ Se Défaire Du Traumatisme : Symptômes Post-Traumatiques Et Transmissions Familiales
NOTE :
Le postulat premier paraît que le diagnostic de troubles post-traumatiques se trouve désormais dans les nosographies des professionnels. Un état de fait essentiel étant donné que le trauma en outre son occultation perdurent quant à eux dans la société, de plus sont en soi un élément de destruction de l’être. Conséquemment, comment comprendre les traumatismes et de quelles manières les mettre à mal ? En somme, cela revient à se doter de repères et à desserrer l’emprise d’une expérience traumatique.
L’essai Se Défaire Du Traumatisme : Symptômes Post-Traumatiques Et Transmissions Familiales, de Yaelle Sibony-Malpertu, tend dans un premier temps à suivre l’évolution de la mémoire traumatique selon les théories de Dori Laub, dans un deuxième temps à étudier les échecs de la pensée pour accéder à des événements traumatiques et dans un troisième temps à appréhender la problématique des thérapies qui suivent des patients traumatisés.
Dès l’abord, les patients qui souffrent de traumas psychiques refusent le statut de victime dont ils redoutent la dimension sociale ; en réalité, rares sont ceux à même de prendre conscience des corollaires de leurs maux, et si oui, ils ont la certitude de ne pas pouvoir s’en sortir, au surplus certains consultent plusieurs années après les expériences traumatiques. D’emblée, le traumatisme est pluriel, soit ils semblent enchevêtrés et cela signifie qu’ils sont pansés par à-coups.
Ensuite, les définitions des traumas psychiques se rejoignent sur l’excès de violence qu’une personne ne peut recevoir en tant que sujet ; ils lui retirent les moyens de réagir et de penser, voilà pourquoi il y a une rupture de temporalité entre une période désignée a posteriori comme un avant et ce que l’on appelle un après. Ainsi, le patient n’a plus accès au registre symbolique attendu que le réel n’a pu être assimilé ; l’expérience n’a d’autre possibilité que de se présenter à travers la répétition d’expositions à des situations spécifiques.
Au demeurant, le processus d’encapsulement, théorisé par Dori Laub, est employé dans le dessein d’explorer les destructions psychiques qui passent socialement inaperçues et peuvent pourtant se révéler sans retour ; ce terme désigne de quelle façon une expérience traumatique peut être à la fois inaccessible et présente dans la mémoire, d’autre part plus il est important, plus le savoir de l’événement est proche du non-savoir et moins le patient s’avère apte à s’approprier la trace mnésique de l’expérience.
Le livre met en exergue de manière éminente que les expériences traumatiques sont avant tout de l’ordre de l’irreprésentable, en-deçà du langage. Il explique avec éclat que ces événements ont des effets autant sur l’esprit que sur le corps, toutefois souvent sans expression directe. Au reste, il révèle remarquablement comment les traumas et leur emprise se confrontent aux résistances sociales, car il est rare d’échapper à l’idéalisation de l’homme. Enfin, il énonce sans fard les formes thérapeutiques possibles pour se reconstruire.
EDITIONS DESCLEE DE BROUWER, 18 euros