Lucien Becker _ Rien Que L’Amour
NOTE :


“Les femmes sont les plus belles blessures du monde.”
La solitude ne semble pas qu’une servitude volontaire au silence ; au reste, il ne s’agit pas que d’une relation symbiotique entre un sujet et la nature. Quand il est imposé, ce concept contient des nuances qui passent de la désolation à l’isolement et il contraint de porter une charge particulière qui ne paraît pas souvent en proportion exacte de la valeur de son propre moi, comme le proclame Arthur Schopenhauer dans ses Aphorismes Sur La Sagesse Dans La Vie. Son acception est aussi associée au sentiment amoureux dont l’absence alourdit l’âme.
Le recueil de poèmes Rien Que L’Amour, de Lucien Becker, représente l’aube rembrunie des émois amoureux de l’auteur avec Yvonne Chanot. En plein milieu d’une page blanche liminaire, il proclame même que le quotidien avant elle n’était qu’un monde sans joie, une nuit noire d’une vacuité mortelle où la vie même n’existait pas. Âme percluse de désespérance dans un village de paysans amers à force de vivre sans femmes avec et autour d’eux, ainsi que cœur devenu marmoréen pour que la mort ne le capture pas, il ne savait plus donner de sens à son être.
Lucien Becker a pensé deux-cent-cinquante poèmes en vingt-cinq ans, puis lui et son aimée ont précipité leur trépas pour être sûrs de partir ensemble puisque aucun des deux n’aurait pu survivre à l’autre. Les vers qu’il a écrits réverbèrent la lumière à la fois fascinante et d’une forte intensité, tout à fait aveuglante, de sa sensibilité à fleur d’esprit insatiable d’une seule et unique source d’énergie : Yvonne. Au demeurant, ses écrits saisissent le lecteur par les épaules et lui assènent des coups dans le plexus solaire au point de lui couper le souffle.
SOURCE :
Rien Que L’Amour, BECKER Lucien
EDITIONS LA TABLE RONDE, 10.50 euros