Joan Didion _ Le Bleu De La Nuit
NOTE :
Il y a deux conceptions concernant l’adoption. D’une part, il y a les professionnels qui mettent en perspective les fragilisations identitaires qui lui sont adjointes attendu que les personnes s’avèrent marquées par l’abandon liminaire. D’autre part, il y a ceux qui pensent que le lien biologique n’est pas essentiel à l’enracinement familial puisque seul le souhait d’accueillir un enfant permet de proposer une filiation nouvelle. De fait, l’adoption se fonde sur une double appartenance, symbolique au surplus imaginaire. La primauté des liens du sang produit une problématique à propos de la légitimité des parents adoptifs et elle appuie sur la faille narcissique.
Au demeurant, le mot latin dolore (souffrir) semble à la source du mot dol qui signifie en français deuil et douleur. De la sorte, le deuil est un état affectif pénible provoqué par la mort d’un proche ; par ailleurs, il désigne également une période de douleur subséquente à la disparition. En réalité, on ne saisit pas tout de suite ce que signifie la mort d’une personne dans la mesure où l’on est sidéré ; c’est-à-dire que le deuil dépasse la capacité de contrôler ce qui arrive. Le travail de deuil serait la résolution d’un processus psychologique, ensuite de l’éradication progressive d’une donnée par le cerveau (il est décédé).
Joan Didion et Grégory Dunn désiraient un enfant sans pourtant être aptes à en avoir, dès lors ils eurent recours à l’adoption et vinrent récupérer leur fille au St John’s Hospital, à Santa Monica. Le problème était qu’elle souffrait d’un trouble de la personnalité borderline, par suite qu’elle se mit à boire à l’âge adulte ; elle était tiraillée par un mal-être patent qui la faisait souvent sombrer dans le néant. Ensuite, elle eut une pneumonie avec choc septique dont elle décéda. Joan Didion est ébaubie pendant une longue période durant laquelle elle se dit qu’elle ne veut plus de souvenirs de ce qu’elle a perdu parce que le temps a passé sans qu’elle n’en profite. Aujourd’hui, elle est pétrie de regrets et elle appréhende de ne pas mourir.
Le livre Le Bleu De La Nuit, de Joan Didion, représente le pendant de son texte L’Année De La Pensée Magique à propos du trépas de son époux ; il donne ici un aperçu profond de la portée de la perte d’une progéniture. Dès l’abord, elle avance ce que sa fille signifie pour elle et le parcours qu’elles ont effectué ensemble avant d’être séparées, puis elle explique l’existence sans son enfant et elle partage les questions qui la pétrissent de doutes. Après, l’auteur met en avant de manière marquante la place de la littérature dans l’âme d’un être endolori par la peine ; les mots peuvent sembler de peu de valeur par rapport au mal éprouvé, toutefois ils servent à sonder la souffrance pour lui donner un sens et apprendre d’elle. Elle écrit justement de façon journalistique dans le dessein de rapporter au plus près la réalité du drame.