Jean-Paul Sartre _ Esquisse D’Une Théorie Des Emotions
NOTE :
L’essai Esquisse D’Une Théorie Des Émotions, de Jean-Paul Sartre, tend vers une explication des émotions fines. De fait, il essaie de mettre en exergue leur finalité, c’est-à-dire leur sens, par un examen objectif de la conduite émotionnelle. Ainsi, l’auteur affirme qu’elles s’avèrent une manière d’appréhender le monde, au demeurant de le modifier, par ailleurs elles agissent comme un objet de croyance auquel on adhère, semblable à un mode d’existence de la conscience.
Le livre est non-exhaustif et succinct, néanmoins il apporte un aperçu des principales pensées à propos des émotions, notamment à partir des thèses de William James et de Soren Kierkegaard qui distinguent des phénomènes physiologiques et psychologiques. Par suite, l’accent est mis sur la place majeure de la conscience entre le corps et son environnement.
D’autre part, il réfute les théories behaviouristes et la psychanalyse ; il tente d’en proposer une thèse phénoménologique qui ne se réclame pas d’Edmund Husserl et de Martin Heidegger. De fait, selon Edmund Husserl, la phénoménologie s’avère concernée par la réflexion systématique de l’analyse des structures de la conscience et le phénomène qui apparaissent dans les actions de la conscience. Quant à Heidegger, il dit qu’il faut suspendre l’approche naturelle du monde, qu’il n’y a d’être que s’il y a une compréhension de l’être, enfin qu’il est essentiel de démanteler les constructions théoriques de l’expérience de la vie facticielle.
« Toutes les émotions ont ceci de commun qu’elles font apparaître un même monde, cruel, terrible, morne, joyeux, etc., mais dans lequel le rapport des choses à la conscience est toujours et exclusivement magique. Il faut parler d’un monde de l’émotion comme on parle d’un monde du rêve ou des mondes de la folie. Un monde, c’est-à-dire des synthèses individuelles, entretenant entre elles des rapports et possédant des qualités. Or toute qualité n’est conférée à un objet que par un passage à l’infini. […] les qualités que l’émotion confère à l’objet et au monde, elle les leur confère ad aeternam. »