Ferdinand Alquié _ L’Expérience
NOTE :
L’observation possède un caractère passif de telle sorte que le savant passe en permanence de cet état à l’expérimentation active attendu que l’expérience est un processus complexe. Parler d’expérience signifie une soumission du moi au réel étranger ; c’est-à-dire que la constatation pure, à l’exclusion de toute opération de l’esprit, produit de l’expérience, puis la pensée au surplus la sensation.
Pour les philosophes dits empiristes, l’esprit perçoit tout du dehors, donc il n’a aucune spontanéité. David Hume rend compte des relations principales qui composent la connaissance en invoquant un sujet offert à l’intuition et non une extériorité où elles pourraient se comprendre. Au demeurant, la nature dépasse la représentation et peut nous donner ce que le rationalisme recherche en vain au sein de la représentation elle-même : la vérité étant donné que le signe du réel se découvre dans le degré de vivacité du sensible.
Conséquemment, la problématique paraît d’appréhender comment être capable de percevoir des rapports, ensuite de retrouver partout les lois de l’espace et du temps s’il n’y a pas en nous une possibilité de produire notre perception même. D’autre part, l’idéalisme estime que l’expérience n’est pas un principe d’explication, mais un obstacle dans la mesure où un contenu ne peut pas se présenter à l’esprit seul ; O. Hamelin considère l’expérience comme le substitut du savoir a priori encore inaccessible.
Par ailleurs, l’idéalisme a pour perspective d’abolir la distinction entre la sensibilité et la raison, à ceci près qu’il faudrait alors que tout puisse se déduire de surcroît se construire de façon rationnelle. Emmanuel Kant, par exemple, ne disserte pas sur l’absolu ainsi qu’il ne reconstruit pas l’ensemble du monde à partir de déductions arbitraires ; il prend soin en permanence de montrer que l’expérience ne peut jamais rendre pleinement compte de ce qui contient notre conscience et il énonce qu’elle livre un système de phénomènes liés synthétiquement dans le domaine théorique.
L’essai L’Expérience, de Ferdinand Alquié, avance avec adresse que l’expérience sensible et l’expérience intellectuelle sont en somme une expérience de la réalité. Toutefois, l’expérience n’est pas Tout. Les pratiques et les actions contenus dans le passé, espace étendu et sans limites, s’avèrent sans cesse parcouru par la mémoire. De la sorte, amener les pratiques et les actions est synonyme d’amener sa subjectivation à une forme d’objectivation. Enfin, le livre met en exergue subtilement que les expériences sont de véritables systèmes qui comprennent des croyances variables selon les époques.
EDITIONS LA TABLE RONDE, 7.30 euros