Alexandre Gefen _ Réparer Le Monde
NOTE :

L’identité des individus se forme en fonction de leur foi en l’état de la civilisation, de cette manière elle se développe une mémoire sociale. C’est-à-dire qu’elle se délite lorsque le monde décline et qu’elle s’épanouit dès qu’il s’équilibre. Un processus auquel la littérature participe.
Dans le livre Réparer Le Monde, il est énoncé que l’écrivain et la littérature française contemporains paraissent désacralisés au profit d’un paradigme qui porte au pinacle le développement personnel, au surplus le retour au sujet et la réparation de soi. Au demeurant, les démocraties semblent de plus en plus dépourvues de spiritualité et la post-littérature constitue une catharsis parfaite, car elle permet de résister, en outre de rendre justice en étendant le domaine de la première personne ou en donnant du relief à une problématique particulière.
L’envers de cette émergence littéraire est avant tout l’idée des limites de l’éthique de l’écrivain attendu qu’exprimer son existence implique de mettre en perspective des tierces personnes. Subséquemment, la question de la fidélité aux faits se pose puisque chacun a sa vérité et qu’elle s’avère vue par le prisme des émotions. L’égotisme exalté dans de tels écrits fait que la littérature actuelle fédère essentiellement des esprits à la conquête d’eux-mêmes et non dans l’expectative de se cultiver. Enfin, la plupart des publications favorisent l’expression de soi sans autre forme de procès.
L’essai d’Alexandre Gefen est instructif parce qu’il indique un ensemble de postulats éclectiques, sans se positionner, et qu’il les illustre de plusieurs références. Ensuite, il explique parfaitement les enjeux en présence et l’avenir possible des projets autobiographiques. Il est une référence en matière de règles du Je en littérature.
SOURCE :
Réparer Le Monde, GEFEN Alexandre
Editions José Corti, 25 euros